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17 octobre 2008 5 17 /10 /octobre /2008 22:37
LA TRADITION CELTIQUE DANS L'ART ROMAIN
de Marcel MOUREAU

# Editeur : Courrier du Livre; Édition : 3e (22 août 1995)
# Collection : Symbolisme
# Langue : Français
# ISBN-10: 270290005
# ISBN-13: 978-2702900055



Commentaire de Jacques COULARDEAU

Ce livre de Marcel Moreau est essentiel pour commencer à pénétrer l'art roman et en comprendre la logique. C'est une mine d'informations collectées pendant des années et que nous pouvons utiliser comme point de départ ou comme porte vers plus encore. L'idée principale est que l'art roman est un art sipirituel, un art de l'esprit, donc un art profondément symbolique, et le symbolisme des hommes qui ont inventé cet art est formé et nourri par deux inspirations principales, la tradition celtique et la tradition chrétienne qui se mêlent, s'associent et se conjuguent dans chaque chapiteau historié, dans chaque église. Et il n'y a pas deux églises identiques : chacune a sa propre clé. L'art roman va cependant plus loin encore que cela. C'est un langage visuel dans la pierre ou parfois dans l'image fait pour éduquer les fidèles, les éduquer c'est à dire partir de ce qu'ils ont, leur héritage celtique, pour les amener vers ce qu'ils doivent apprendre, la vision chrétienne. Il n'y a pas diabolisaiton du celtisme. Il n'y a pas rejet du celtisme. Il y a utilisation du celtisme d'autant plus que celtisme et christianisme se rencontrent parfaitement sur de nombreux points, et en premier lieu sur le dieu unique et sur la force vitale qui monte de la terre et de ses radiations telluriques et aqueuses, sans compter celles du cosmos. Là où Moreau est court c'est qu'il ne comprend pas que le celtisme comme l'art roman sont des pensées syncrétiques et donc des langages syncrétiques. Lorsqu'un élément suit un autre il est causé par celui qui le précède, il est la conséquence de celui qui le précède et il sera la cause de celui qui le suit. Ainsi on ne doit pas considérer un élément en soi, car son symbolisme est alors statique. Il est nécessaire de prendre chaque élément dans sa suite et son environnement car alors une dynamique syncrétique s'impose. L'art roman est ainsi un art du cheminement d'un point à un autre, du portail au chœur de l'église et l'histoire qu'on nous raconte se déroule suivant ce cheminement. Reste à trouver le cheminement concerné, ou devrais-je dire le serpentement du portail au chœur. Le livre a cependant un défaut : il veut nous convaincre que nous devons en revenir au celtisme et à ses inspirations, sans voir que le celtisme est une pensée dialectique syncrétique ouverte et qu'un retour ne peut-être qu'un gel et donc d'une certaine façon une stérilisation. Il s'agit en fait de récupérer le celtisme et d'intégrer sa vision cosmique dans une pensée dialectique plus vaste et surtout rationnelle. Il ne s'agit pas de faire du rationnalisme la norme unique, mais de faire du rationnalisme le bouillon de culture dans lequel on pourra développer diverses approches anciennes que le rationnalisme au nom de la lutte contre les superstitions, qu'il dit, religieuses a purement et simplement rejetées. Ce n'est pas un retour en arrière qui est nécessaire, encore moins une vengeance contre le rationnalisme, mais un enrichissement par une récupération du terreau qui a produit le rationnalisme moderne, qui remonte à Platon et Socrate cependant, et que le rationnalisme a rejeté vers la fin du 18ème siècle au nom de l'élimination de l'improuvée, ou de l'improuvable, existence de Dieu. Mais j'arrêterai là car cela nous mènerait très loin. Nous devons retrouver la spiritualité que l'on a tenté de nous interdire, une spiritualité fondée sur l'articulation des forces terriennes, telluriques, cosmiques, vitales en un mot, sur les forces visionnaires de l'homme qui doit imaginer le futur à partir de son expérience pour simplement pouvoir survivre. J'ai bien peur que Moreau manque son objectif car il ne prend pas en compte suffisamment le langage des hommes qui pose le développement mental et intellectuel par la construction de la conceptualisation et donc de la pensée abstraite. Cette pensée abstraite commence, dirons-nous, avec Socrate, puis prend appui sur Galilée, Copernic et Descartes pour se développer en s'appuyant sur la révolution technologique qui sommence au 12ème siècle et se développe depuis sans interruption.
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